16 février 2022

La pandémie a-t-elle entraîné un changement de paradigme dans le secteur du tourisme au Mexique et en Amérique latine ? C’est la question que l’on se pose depuis l’irruption de la pandémie de COVID-19 dans les forums, les réunions, les analyses et dans le quotidien du secteur, et à laquelle le présent article tâche d’apporter une réponse collective, d’après les données d’expérience des dirigeants du tourisme du secteur public, d’entreprises privées et d’organisations sociales du Mexique et d’Amérique latine.  

On a commencé par se demander : comment savoir si quelque chose a changé ? Les auteurs du présent article ont considéré que le document Vision One Planet pour une reprise responsable du secteur du tourisme offrait un cadre idéal pour l’analyse. Celui-ci a été publié par l’Organisation mondiale du tourisme (OMT) le 5 juin 2020, pour la Journée mondiale de l’environnement.

L’étape d’après a été de chercher à établir s’il y a vraiment eu un changement de paradigme. Profitant de la tenue en septembre 2020 de la quatrième édition du Sustainable & Social Tourism Summit (Sommet pour un tourisme durable et social), le plus grand rendez-vous sur ce thème des pays ibéro-américains se déroulant chaque année au Mexique, les organisations La Mano del Mono et Sustentur ont programmé ensemble une rencontre virtuelle qui a rassemblé les dirigeantes et dirigeants du tourisme aux niveaux national et local du Mexique et d’Amérique latine.

Prenant comme référence le cadre pour une reprise responsable au profit de la planète, la population et la prospérité, des entrevues, des enquêtes et des études de cas ont mis en évidence les principaux défis, des exemples de réussite et des expériences concrètes méritant d’être connues plus largement.

Ce processus a fait apparaître un changement profond de paradigme dans le secteur : « En 2019, on pensait avoir besoin d’un tourisme prospère pour que des populations en bonne santé prennent soin de la planète ; or, avec la pandémie, on a vu qu’en réalité on a besoin d’une planète en bonne santé pour que des populations en bonne santé bâtissent un tourisme prospère. »

Ce changement de paradigme, qui s’affirme de plus en plus à l’échelle mondiale et aussi au Mexique et en Amérique latine, nous a incités à traduire la vision en actes et à soumettre aux dirigeants mondiaux assistant au Sommet des questions essentielles pour comprendre où se concentraient les efforts à l’appui d’une reprise responsable du tourisme et quels étaient les principaux défis perçus à relever pour permettre cette reprise.

De toute évidence, à ce moment-là, les préoccupations liées à la biosécurité figuraient en tête des priorités du secteur (et elles le sont encore aujourd’hui) et mobilisaient beaucoup d’efforts. Les principales carences ont, elles aussi, été mises au jour, telles que l’action climatique, la prise en compte de la biodiversité et la création d’économies circulaires dans le secteur. Toutefois, on voyait déjà à l’œuvre des tendances qui allaient changer les modèles et la façon de faire du tourisme ; une volonté des pouvoirs publics, des acteurs privés et des organisations sociales au Mexique et en Amérique latine de collaborer dans leur globalité ; et une conscience de la responsabilité de sortir de la crise mais dans une optique nouvelle, avec un souci de définir la marche à suivre.

Face à cette réalité et pour que le Sommet débouche sur un document utile énonçant clairement les différentes étapes, les deux organisations, avec près de 80 institutions et experts, ont élaboré en commun la Vision pour une reprise responsable du tourisme au Mexique et en Amérique latine. Il s’agit d’un cadre de référence adapté collectivement à la réalité de la région invitant à créer des possibilités, pour le tourisme, de contribuer à l’amélioration des conditions de vie pour la population et la planète.

Le résumé avec le plan en 10 points pour la reprise responsable du tourisme durable au Mexique et en Amérique latine propose aux décideurs du secteur du tourisme dix axes d’intervention, mais aussi des références pour reconstruire en mieux le secteur du tourisme.

Toute la chaîne de valeur du secteur du tourisme – gouvernements, entreprises, société civile, collectivités, universités, acteurs de la coopération internationale – est invitée à engager un travail pour repenser, redonner du sens et refondre les paradigmes de l’activité touristique au Mexique et en Amérique latine.

Réimaginer le tourisme, mesurer autrement, avoir une vision à long terme, relever les défis collectivement, diversifier, régénérer : ce sont certaines des idées que les dirigeants sont encouragés à explorer et à mettre en œuvre.

Durant la cinquième édition venant de se conclure du Sustainable & Social Tourism Summit en 2021, et un an après avoir engagé ce processus de réflexion, il est évident que le plan en 10 points est plus que jamais d’actualité dans la réalité de 2022.

Nous voulons croire (et prenons l’engagement) que dans un futur proche, nous pourrons, preuves à l’appui, considérer ces recommandations comme des exemples de réussite et démontrer qu’il est possible de faire en sorte que le tourisme, comme la région, soit résilient, durable, équitable, juste et surtout en bonne santé pour le relèvement de la planète, la population et la prospérité.

Le présent article a été rédigé et proposé par Sustentur et La Mano del Mono. Sustentur, cabinet-conseil de premier plan, cherche à transformer la façon dont les entreprises, les destinations, les collectivités et les gouvernements développent et gèrent le tourisme au Mexique et en Amérique latine, toujours sur un mode durable ; c’est le cofondateur du Sustainable and Social Tourism Summit. www.sustentur.com.mx
La Mano del Mono facilite la constitution de partenariats pour que le tourisme contribue à la conservation des zones naturelles et au bien-être des populations d’Amérique latine. Il favorise l’élaboration collective d’outils à l’usage du secteur pendant le Social and Sustainable Tourism Summit. Voir la page Web à l’adresse www.lamanodelmono.org