Nous devons agir de concert pour que le tourisme ne se prête pas à l’exploitation et au trafic d’êtres humains, affirment l’ONU et des partenaires internationaux
PR No.: PR 12023
24 avril 2012 (Vienne) – S’érigeant fermement contre le trafic d’êtres humains, notamment d’enfants, dans le secteur du tourisme, les dirigeants de deux institutions des Nations Unies se sont engagés aujourd’hui à unir leurs efforts pour éradiquer ce fléau clandestin. Yury Fedotov, Directeur exécutif de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), et Taleb Rifai, Secrétaire général de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), ont aussi réclamé une action mondiale concertée à tous les niveaux de la société.
« Aujourd’hui, nos deux organisations ont clairement déclaré au monde entier qu’elles ne participeront pas à des activités où des femmes et des enfants sont exploités » a affirmé M. Fedotov lors d’un événement qui a eu lieu cette semaine, au cours de la 21e session de la Commission de l’ONU pour la prévention du crime et la justice pénale (CPCJP).
M. Rifai a déclaré : « Nous sommes ici pour réitérer l’engagement du secteur du tourisme à combattre le trafic d’êtres humains, un affront inacceptable aux droits et à la dignité humains, et pour établir une feuille de route précise afin de renforcer notre coopération dans la lutte contre l’un des crimes les plus horribles de notre époque. »
Hier, l’ONUDC et l’OMT ont signé un protocole d’accord pour intensifier leur collaboration contre cette forme d’exploitation.
Ni plus ni moins d’un milliard de touristes, soit une personne sur sept au monde, voyageront à l’étranger en 2012, et ces chiffres ne cessent de croître. Cette expansion est certes synonyme de croissance économique, de création d’emplois et de développement, mais il est avéré que les infrastructures touristiques sont aussi utilisées pour l’exploitation et le trafic de personnes, et les enfants sont particulièrement vulnérables.
Les victimes de ce trafic sont le plus souvent réduites à l’esclavage sexuel mais on les trouve aussi dans des cuisines ou contraintes de faire le ménage dans des maisons d’hôtes, des restaurants ou des bars. Les infrastructures touristiques peuvent également ouvrir la porte à la pratique, forcée et exploitée, de la mendicité et de la vente ambulante. On utilise même les organes des victimes de ce trafic pour attirer des personnes qui ont besoin d’une greffe.
Le secteur du tourisme peut et doit jouer un rôle essentiel pour prévenir le trafic d’êtres humains qui lui est associé, y inclus l’exploitation sexuelle, a affirmé M. Fedotov. Des codes de conduite, s’inspirant du Code mondial d’éthique du tourisme de l’OMT approuvé par l’Assemblée générale des Nations Unies en 2001, ont été élaborés à l’attention des entreprises touristiques. Des lois ont été adoptées permettant de poursuivre, dans leur propre pays, les touristes ayant eu des rapports sexuels avec des enfants. Il faut soutenir ces efforts et aller au-delà, a-t-il ajouté.
En Inde, par exemple, le ministère du Tourisme, l’ONUDC, le secteur privé et Save the Children ont travaillé de concert pour élaborer puis faire adopter un « Code national de conduite pour un tourisme sûr et honorable », fondé sur le Code mondial. Les hôteliers et les voyagistes se sont engagés à le respecter pour empêcher que quiconque travaillant dans l’industrie touristique soit forcé à se droguer ou à se prostituer. Le modèle est prêt à être reproduit dans d’autres pays.
Il y a des entreprises hôtelières qui mènent des campagnes de sensibilisation et offrent une formation professionnelle aux victimes de trafic. La chaîne Marriott International, par exemple, lutte systématiquement depuis 2006 contre de tels abus des droits humains en adoptant des positions politiques claires et en formant du personnel. Elle déploie aussi des programmes dans des communautés pour aider des jeunes vulnérables, et même des victimes réhabilitées de ce trafic, en leur offrant un nouveau départ dans la vie et des formations dans ses hôtels.
Le Dr Thomas Mayr, expert national au ministère fédéral autrichien de l’Économie, la famille et la jeunesse, a souligné l’intérêt d’une initiative germano-suisse-autrichienne pour lutter contre les abus transfrontaliers perpétrés contre des enfants. Cette action, qui comporte une campagne de sensibilisation trinationale sur le tourisme sexuel et la pornographie infantiles, vise aussi à renforcer les réseaux de protection des mineurs.
En rehaussant leur image publique, les entreprises et les destinations éthiques peuvent, en fin de compte, accroître leur chiffre d’affaires. « Nous devons faire savoir que des êtres humains sont victimes de trafics dans le secteur du tourisme. Les consommateurs doivent pouvoir faire des choix informés sur la destination de leurs dépenses et, surtout, quant à la façon dont leur argent sera utilisé » a dit M. Fedotov.
« Il est effroyable de voir des infrastructures touristiques utilisées par des trafiquants pour persécuter des personnes vulnérables. Notre secteur s’engage donc fermement à reconquérir ces mêmes infrastructures et à les utiliser à des fins de sensibilisation contre ce trafic » a affirmé M. Rifai.
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